Le Cambouis’ club est toujours au travail.

Ce n’est pas parce qu’il parle peu de lui que ce club ne travaille pas, qu’on se le dise ! Certes il rencontre parfois quelques obstacles dans ses lectures, mais depuis les dernières informations que je vous donnais ici et , il a lu plusieurs livres…

Un professeur de désir.

Je me dis souvent que l’on ne rend pas assez hommage aux personnes qui ont compté et comptent pour nous. Yves Le Pestipon fut un merveilleux professeur, qui renforça mon goût pour la littérature en m’ouvrant de nouveaux horizons. Il est un ami, dont l’intelligence, l’humour et la conversation sont très précieux.

Je l’ai évoqué sur ce blog dans plusieurs billets, à propos de la Place Pinel, de son livre Oublier la littérature ou encore de Giscard!

Je peux encore savourer ses explications, puisqu’il propose, depuis quelques mois, sur Radio Radio Toulouse des commentaires précis de chefs-d’œuvre de la littérature française, et, parfois, des premières phrases qui ne relèvent pas de cette catégorie… On y rencontre par exemple Tartuffe, Guignol’s Band, Du côté de chez Swann, Madame BovaryUbu Roi ou la « GMF » (!). C’est instructif, interrogatif, parfois drôle. Cela permet des aventures aux limites, hors confinements. Pour le lien général vers ces Premières phrases, c’est ici.

On peut également retrouver en podcast les rencontres qu’il anime à la librairie Ombres blanches à Toulouse, les Classiques au détail, lumineuses explications de textes littéraires. Entre autres, La Bruyère, ici.

Enfin, dernière actualité le concernant : il a rédigé la préface du nouveau volume des Fables de La Fontaine en Pléiade.

Je repense parfois à cette formule qu’il citait souvent en classe, La rose est sans pourquoi (Angelus Silesius)…

Je le remercie pour tout cela, et en profite pour lui souhaiter aujourd’hui bon anniversaire !

« Aux cailloux des chemins », de la poésie pour tous.

J’avais beaucoup aimé le recueil de Murièle Modély, direct, fort, inscrit dans le monde actuel, celui de l’entreprise, de la pauvreté, du corps. Une langue simple mais qui ouvre des espaces de liberté. Je découvrais ainsi cette nouvelle maison d’édition, dirigée par Hervé Gouault et Christine Saint-Geours. Leurs livres sont simples, beaux. La mise en page est aérée et laisse respirer le texte.

J’ai eu envie de découvrir l’autre recueil poétique publié par leurs soins.

La langue est belle là aussi, écrire est défini comme « le glacis de mon être », dans le poème qui ouvre justement le livre. Il est question de marche, d’enfance, de nature, d’une vie à travers les mots.

En savourant ces deux livres, je me suis dit : comment prétendre après ça que la poésie c’est compliqué ou pas accessible ? Cher…? Chaque livre coûte seulement 12 euros, allez voir pour les détails.

C’est une maison d’édition née en 2020, qui publie de la poésie mais pas seulement : de la prose, de l’illustration et de la bande dessinée. Pour l’instant, en plus des deux recueils poétiques que je mentionne ici, un texte de Maupassant est au catalogue, La Confession. Un autre recueil poétique est à paraître, j’ai hâte !

Le meilleur de 2020.

C’est un titre quelque peu racoleur, mais il faut bien que je vous donne envie de lire la suite, alors je m’inspire des techniques les plus usées du journalisme… Comme j’ai une fâcheuse tendance à l’oubli, je tiens depuis un an un cahier où je consigne les titres des livres, films, expositions que j’ai lus et vus. Occasion rêvée pour finir cette merveilleuse année 2020 avec un palmarès tout personnel. Tout ceci est bien autocentré, me direz-vous, mais j’objecterai : je tiens un blog, il paraît que c’est déjà narcissique; puis on ne peut pas dire que je croule sous les relations sociales et amicales depuis un an, donc vous allez pas me reprocher de dialoguer avec moi-même ?!

ROMANS

Le lambeau (2018), Philippe Lançon

La Statue de sel (1966), Albert Memmi

Trois fois la fin du monde (2018), Sophie Divry

Le ghetto intérieur (2019), Santiago H. Amigorena

BD

Mafalda (1964 à 1973), Quino

Les beaux étés (5 tomes, de 2015 à 2018), Zidrou et Jordi Lafebre

Sacrées sorcières (2020), Pénélope Bagieu

Le chat du rabbin (volume 10, « Rentrez chez vous! », 2020), Joann Sfar

POESIE

A la ligne (2019), Joseph Ponthus

Dieu est à l’arrêt du tram (2017), Emmanuel Moses

Desiderio di cose leggere (publié en 2018, poèmes en italien de 1929 à 1938), Antonia Pozzi

User le bleu suivi de Sous la peau (2020), Murièle Modély

ESSAIS

Des hommes justes (2019), Ivan Jablonka

Comment parler des lieux où l’on n’a pas été (2012), Pierre Bayard

La civilisation du poisson rouge (2019), Bruno Patino

FILMS

Douleur et gloire (2019), Pedro Almodovar

Portrait de la jeune fille en feu (2019), Céline Sciamma

La vie rêvée de Walter Mitty (2013), Ben Stiller

Les filles du Docteur March (2019), Greta Gerwig

Vivarium (2020), Lorcan Finnegan

Eté 85 (2020), François Ozon

Adieu les cons (2020), Albert Dupontel

Erin Bronkovich (2000), Steven Soderbergh

ADN (2020), Maïwenn

SERIES

Unorthodox (2020), d’Anna Winger

Le Bureau des légendes (saison 5, 2020), Eric Rochant

Ramy (2019), de Ramy Youssef, Ari Katcher, Ryan Welch

DOCUMENTAIRES

Romain Gary, le roman du double (2010), Philippe Kohly

Adolescentes (2019), Sébastien Lifshitz

Yiddish (2020), Nurith Aviv

Petite fille (2020), Sébastien Lifshitz

EXPOSITIONS

La Voix des témoins, Mémorial de la Shoah à Paris

James Tissot, l’ambigu moderne, Musée d’Orsay à Paris

Josef Koudelka. Ruines, BNF à Paris

Léon Spilliaert, Musée d’Orsay à Paris

« A trop aimer » d’Alissa Wenz.

Dans cette foisonnante rentrée littéraire, on pourrait passer facilement à côté de ce texte puissant et beau. Alissa Wenz, j’en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog, pour ses talents de chanteuse ou son premier récit tout à fait réussi. Il s’agit ici d’un roman, très prenant, et dont la force réside dans la sincérité tout en retenue de sa narratrice. Si l’on doit résumer en deux mots, l’on dira qu’il s’agit d’une histoire d’emprise amoureuse. Mais cela gomme les nuances du texte d’une façon assez réductrice. On chemine avec la narratrice, et ses mots nous tiennent de bout en bout, grâce à une langue précise, au plus près de chaque émotion, de chaque mouvement du monde. D’abord au chevet de Tristan, l’homme qu’elle aime, puis du monde, la narratrice cherche à sortir de sa propre convalescence, et je n’ai pu refermer le livre avant qu’elle ne retrouve sa liberté.

« Rumeurs d’Amérique » d’Alain Mabanckou.

Toujours une certaine impatience à découvrir un nouveau livre d’Alain Mabanckou, dont j’avais suivi avec beaucoup d’assiduité et d’enthousiasme les cours au Collège de France, et dont j’ai lu (presque ?) tous les livres. Pour la première fois, me semble-t-il, il évoque aussi précisément sa vie aux Etats-Unis, à Los Angeles, et offre, avec une certaine retenue, une forme d’autobiographie. Une autobiographie par petites touches, partant le plus souvent d’une anecdote, ou d’un détail de la journée, et débouchant sur un pan de la culture américaine, et sur un aspect de sa personnalité. Professeur à l’université, ami accueillant des personnes de passage, citoyen ou simple passant et témoin du spectacle de la rue, il donne à voir de nombreux instantanés de sa vie américaine. Tous ces moments sont l’occasion de développements sur ses lectures, ses réflexions politiques, musicales, sportives, sociologiques. Toujours en mouvement, Alain Mabanckou reste, malgré quelques confidences, insaisissable, peut-être comme tout exilé. Ce livre m’a beaucoup intéressée par moments, et m’a laissée sur ma faim à d’autres; plus j’y repense, et plus je le trouve courageux, car nuancé et complexe.

Remise des prix du Cambouis’ club.

A l’heure où le jury du Goncourt a été obligé de décaler l’annonce de sa sélection, le Cambouis’ club, lui, a réussi à se réunir pour décerner les prix de l’automne, au terme de sa première session, dont vous aurez un aperçu en allant ici. Malgré la bonne entente des membres du jury, ce dernier ne s’est pas mis d’accord, et a décerné deux prix par catégorie :

  • Prix du personnage préféré : Thérèse Raquin dans Thérèse Raquin d’Emile Zola et Elizabeth Bennet dans Orgueil et préjugés de Jane Austen
  • Prix du style : Rabelais dans Gargantua et Montaigne dans les Essais
  • Prix de la meilleure intrigue : Un roi sans divertissement de Jean Giono et Thérèse Raquin d’Emile Zola
  • Prix du livre le plus décevant : Aurélien d’Aragon et Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez
  • Prix du livre chouchou : les Essais de Montaigne et Orgueil et préjugés de Jane Austen

Le Cambouis’ club est contraint de ralentir son rythme de lecture mais lit actuellement ceci :

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Cambouis’ club.

C’est un club lecture où on met les mains dans le cambouis, où on ose dire qu’on lit les classiques (non qu’on les relit), où on s’étonne, où on s’ennuie, où on parle de ses émotions.

L’accès est très restreint, puisqu’elles sont deux, une mère et sa fille.

Il y a des romans, beaucoup, mais aussi de la poésie et des textes de réflexion.

On dira pour être de son temps que c’est un club né du confinement. C’est surtout que nous ne sommes hommes, et nous ne tenons les uns aux autres que par la parole*. Chaque livre est un dedans et un dehors.

C’est un défi enfin réalisé d’un challenge à lire des classiques.

Il y a les livres lus :

Et il y a ceux à lire encore :

Il y aura peut-être une remise de prix à la fin de l’été. Les catégories sont à l’étude. On vous le dira.

 

* « Des menteurs », livre I des Essais de Montaigne

 

 

Le best-seller de l’été 2020.

Pierre Bayard est à mes yeux l’un des critiques littéraires du moment les plus stimulants et les plus enthousiasmants. Je l’avais découvert avec Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? (2007), et ai aimé ses ouvrages sur Agatha Christie. Comment parler des lieux où l’on n’a pas été ? (2012) comporte ce mélange de sérieux et de distance teintée d’humour qui fait le sel de toute lecture interprétative.